Des monts et des mères veillent par Fatima Mazmouz

C’est en parallèle de la 154 African Artfair que la galerie 127 de Montreuil consacre ces cimaises, du 7 avril au 21 mai 2022, à un solo show de Fatima Mazmouz, artiste photographe plasticienne marocaine, dont le commissariat est confié à Michel Poivert: « Fatima Mazmouz s’inscrit dans les plus récents courants de la création contemporaine. Elle explore le photographique comme un territoire où se rejouent nos rapports à la science et à la croyance. Mais alors que la culture occidentale vit l’ésotérisme comme un exotisme, Fatima Mazmouz puise de son côté dans une culture nord-africaine et moyen-orientale où la pensée magique fait toujours partie du quotidien. L’au-delà est à portée de main, les femmes incarnent cette capacité à rendre la transcendance familière. » (extrait)

Des monts et des mères veillent – Le Corps magique

« Après l’exploration du corps magique de la grossesse et de l’utérus, je me penche sur la question de la transmission dans le milieu vernaculaire féminin y répertoriant plusieurs formes de rituels. L’univers de la magie et de la sorcellerie au Maroc résonne immédiatement avec mes précédentes recherches comme arme de résistance.

A partir de 2019, DES MONTS ET MERES VEILLENT tente de déchiffrer les multiples dispositifs du corps magique via les archétypes féminins, mettant en valeur la puissance du corps des femmes, leur pouvoir de résilience à travers entre autre l’incommensurable champ de connaissances lié à la médecine, aux plantes médicinales, à la nature et aux sciences occultes.

ESOTER présente un premier ensemble de photographies où je m’affiche menant des actions photographiées dans une forêt, affublée d’une tête d’animal ouvrant ainsi la créativité au bestiaire associé au pouvoir des femmes dans des cultures aussi bien européennes qu’africaines : tête de sanglier, tête de faon ou encore le coq s’invitent en modèle inaccoutumé à l’expérience photographique faisant rejaillir le fantôme de l’improbable cher à ma pratique.

Et c’est à partir d’une trame, elle-même constituée des photographies d’un oeil que ces étranges clichés, à la touche parfois pictorialiste ou encore naturaliste, sont réalisés, permettant ainsi un double discours visuel : d’abord organe de la vision, l’oeil dans l’antiquité égyptienne, gréco-romaine, ou bien dans les religions monothéistes, symbolise l’omniscience divine, la protection et la connaissance spirituel voire ésotérique. OEil pour oeil et vulve pour vulve.

De l’encensé à l’insensé, en passant par les rituels de fumigations, la série RITUEL FUMEE réalisée entre 2019 et 2020, est une incantation aux mythes et réalités de l’ésotérisme féminin en quête d’une incarnation des pouvoirs surnaturels, des forces, qui tour à tour deviennent puissance de guérison, voeux de fertilité, désir d’amour, des armes de résistance et de vengeance, dont les sortilèges, potions, fétiches, herbiers et momies sont les précieux alliés pour mieux projeter malédictions, envoutements, possessions… une rencontre symbiotique avec les forces invisibles qui nous entourent.

Aussi ces travaux alimentent cette réflexion féministe autour des multiples discriminations faites aux femmes de part l’articulation « domination/pouvoir/ savoir » que la démarche de l’artiste tente d’éclairer à partir d’une déconstruction des stéréotypes féminins, élaborés essentiellement au travers d’une société patriarcale où le système d’exploitation dans son mode consumériste est à son paroxysme, et d’une déconstruction de l’Histoire des sciences et de la connaissance dont elles furent exclues. »- Fatima Mazmouz.

In parallel to the 154 African Artfair, Gallery 127 in Montreuil is dedicating its walls, from April 7 to May 21, 2022, to a solo show by Fatima Mazmouz, a Moroccan visual artist.

Continuation and end of his opus “Des Monts et Mères Veillent” whose curatorship is entrusted to Michel Poivert:

« Fatima Mazmouz is part of the most recent trends in contemporary creation. She explores photography as a territory where our relationship to science and belief is replayed. But while Western culture sees esotericism as an exoticism, Fatima Mazmouz draws from a North African and Middle Eastern culture where magical thinking is still part of everyday life. The afterlife is within reach, and women embody this ability to make the transcendent familiar. » (excerpt)