FATIMA MAZMOUZ
biographie
Né à Casablanca en 1974, elle vit et a grandi à Paris mais de nombreux aller-retour France-Maroc. Elle commence à appréhender le monde dans l’épicerie que tiens son père et prend conscience des enjeux de domination propre aux représentations de l’Autre (clichés, stéréotypes, caricatures).
Elle étudie l’histoire de l’art et entame une recherche sur l’écriture de l’histoire de l’art dans les pays arabes s’attachant à étudier les phénomènes au cœur du système colonial et post colonial. Autodidacte, elle change sa position d’historienne pour devenir artiste, elle créer ses propres outils de recherches artistiques et commence donc à interroger le « Monde », ses identités, ses langages…
Photographe, artiste plasticienne, conceptuelle. Sa production artistique, Les ventres du silence, Pouvoirs et contre-pouvoirs, s’intéresse principalement aux différents rapports de force implicites et invisibles ancrés dans nos sociétés judéo-chrétiennes et arabo-musulmanes. Son œuvre traduit ainsi l’histoire d’une émancipation à travers un engagement profond pour les libertés individuelles. Avec le projet Super Oum et Le corps rompu, l’artiste s’inscrit dans un combat féministe en contexte post colonial pour une lutte contre les discriminations raciales et pour les droits des Femmes (Droit à l’avortement pour tous).
Fatima Mazmouz a exposé dans des lieux très divers entre autre à Rome, Madrid, Amsterdam, Anvers, Paris et le Caire, en participant notamment à de grandes manifestations culturelles comme en 2005 aux 6ème Rencontres Africaines de la photographie de Bamako, en 2006 au Festival Internationales de la Photographie à Arles, en 2009 à Paris-Photo au Carrousel du Louvre et en 2015 à l’Institut du Monde Arabe à Paris, en 2016 à la Biennale de Dakar et en 2017 aux grandes Halles de la Villette à Paris.
biography
Born in Casablanca in 1974, she lives and grew up in Paris, but has travelled back and forth between France and Morocco many times. She begins to understand the world in the grocery store her father runs and becomes aware of the issues of domination specific to representations of the Other (clichés, stereotypes, caricatures).
She studies art history and begins a research on the writing of art history in Arab countries, focusing on the phenomena at the heart of the colonial and post-colonial system. Self-taught, she changes her position as a historian to become an artist, she creates her own tools for artistic research and thus begins to question the « World », its identities, its languages…
Photographer, visual artist, conceptual artist. His artistic production, Les ventres du silence, Pouvoirs et contre-pouvoirs (Bellies of Silence, Powers and Counter-Powers), is mainly interested in the various implicit and invisible power relations rooted in our Judeo-Christian and Arab-Muslim societies. His work thus translates the history of emancipation through a deep commitment to individual liberties. With the project Super Oum and Le corps rompu, the artist is part of a feminist struggle in a post-colonial context for a fight against racial discrimination and for women’s rights (the right to abortion for all).
Fatima Mazmouz has exhibited in a wide variety of venues including Rome, Madrid, Amsterdam, Antwerp, Paris and Cairo, participating in major cultural events such as in 2005 at the 6th African Photography Meeting in Bamako, in 2006 at the International Festival of Photography in Arles, in 2009 at Paris-Photo at the Carrousel du Louvre and in 2015 at the Institut du Monde Arabe in Paris, in 2016 at the Dakar Biennale and in 2017 at the Halles de la Villette in Paris.
BOUZBIR
Révéler, réparer la mémoire à travers la survivance des mémoires revisitées du corps coloniale de Casablanca est le propre du projet Bouzbir qui traite du quartier réservé de Casablanca, du nom de « Bousbir », déformation de Prosper Ferrieu, spéculateur immobilier. A partir de 1920, appelé aussi la nouvelle ville indigène, situé dans le Houbous, « Bousbir » devient le quartier assigné à l’armée française, réservé à la prostitution et l’exploitation des mineures marocaines. Petit à petit, ce quartier deviendra pour les étrangers touristes, un lieu de passage incontournable.
Bouzbir regroupe donc une vingtaine de photographies issus de cartes postales coloniales ou de photographies de cette époque, utilisées à des fins de propagande mise en place pour asseoir l’action coloniale, celle -ci s’effectuant par la voie de la domination militaire, économique et … culturelle via l’exploitation de la sexualité qui devient un enjeu de pouvoir.
Ces images sont retravaillées à partir d’une trame composée d’utérus malades ou de vulves.
Les utérus malades caractérisent les matrices criminelles et immorales du colonialisme voir par extension celles d’un capitalisme dévastateur toujours plus avide de spéculation au détriment de l’exploitation humaine.
Les vulves exprimant la sexualité, deviennent le territoire d’un enjeu de pouvoir : des vulves expression de l’articulation sexualité/domination de l’intime/domination de l’espace du politique.
L’usage du document historique est capital dans la volonté de créer (accepter) un patrimoine visuel jusqu’alors inexistant dans cette conscience historique habitée par la rupture et la violence. En retravaillant les photographies de cette histoire coloniale, Fatima Mazmouz sort du silence toute une mémoire atrophiée qui par l’intervention artistique raconte l’Histoire portant la trace de ces préjudices.
Ainsi Bouzbir via l’action artistique participe à cimenter un « corps mémoire » à la ville de Casablanca ouvrant la voie à la résilience et offrant à une production artistique enfermée dans un conflit historique, la possibilité de s’inscrire dans une Histoire de la photographie locale, globale, mondiale et … contemporaine. »
– « Extrait de Casablanca, mon amour/Dar al Baida Hobe – 2014