STUDIO DOUAMNA (COLL. JEAN-MARC TINGAUD)
Le Studio Douamna aurait ouvert ses portes dans les années 30 dans la rue de la Bahia à Marrakech, entre la Place Djemaa El Fna et le Palais Bahia, là où quelques derbs plus loin et quelques années plutôt Gabriel Veyre venait enseigner la photographie au jeune Sultan Abdelaziz.
Artère principale de la Médina, le Studio profite d’une visibilité privilégiée. Les clients faisaient alors réalisés leur portrait en noir et blanc, généralement une photographie d’identité ou fournissaient parfois au Studio des photographies de famille afin d’être agrandies, retouchées et colorisées manuellement.
L’artisan photographe donnait alors libre cours à son imagination en ajoutant des motifs décoratifs en fond d’image, puis la phtographie agrandie en 30 x 40 était confiée à un peintre qui réinterprétait les couleurs des vêtements et autres bijoux, n’hésitant non plus à revoir la carnation des visages offerts à ses pinceaux et son humeur. La nouvelle image était ensuite exposée, ostentatoirement, dans le salon de réception des maisons marocaines : la photographie initiale a quasiment disparu au profit du portrait idéalisé qui accompagnera la famille … pour l’éternité.
La retouche photographique est déjà chose acquise : l’intention est clairement de faire «disparaitre» le portrait photographique au profit du portrait peint.
Si la photographie de studio a une importance majeure dans l’histoire de la production photographique marocaine c’est parce qu’elle révèle un inventaire de la typologie marocaine vue par les marocains eux mêmes, par opposition aux photographies «orientalistes», souvent réductrices, parfois même dénigrantes, réalisées jusqu’alors par les photographes étrangers.
Les 27 portraits «conservés» par Jean Marc Tingaud, datent des années 50-60.
– Jean-Marc Tingaud | Studio Douamna, Portraits marocains